Pour le Centre d’Action Laïque, il est indéniable que la dignité humaine passe par une lutte résolue contre la pauvreté et l’exclusion sociale.
En Belgique, le SPF Économie estimait en 2017 à 15,9% le taux de risque de pauvreté. Ce taux atteint 21% en Région wallonne et 31% à Bruxelles.
Les personnes sans emploi (49,1%) sont beaucoup plus exposées à la pauvreté monétaire que la population active (5%). Il en va de même pour les membres des familles monoparentales (39,7%), qui courent un risque plus élevé que les membres d’une famille composée par exemple de deux adultes et deux enfants (8,5%), ainsi que pour les locataires (36,4%) par rapport aux personnes qui sont propriétaires de leur logement (8,8 %).
Pour véritablement porter ses fruits, l’émancipation laïque doit se coupler à un authentique projet d’émancipation sociale. Le droit à un niveau de vie suffisant constitue donc un préalable indispensable à l’exercice d’autres droits fondamentaux.
Le Centre d’Action Laïque demande aux pouvoirs régionaux :
Une part importante de la population s’appauvrit; les écarts se creusent financièrement, mais également en matière d’accès à la connaissance, de perspectives d’emplois corrects, d’accès aux nouvelles technologies, d’accès au logement, de mobilité, etc.
Si le CPAS remplit une mission essentielle, il n’est pas le seul à devoir agir. L’ensemble des pouvoirs publics doit initier ou assurer des politiques et des décisions qui permettent d’éviter l’appauvrissement, et de soutenir les populations les plus vulnérables, avec l’équité nécessaire indispensable pour réduire les inégalités et éliminer progressivement la pauvreté.
La pauvreté touche tous les domaines de la vie; la lutte contre la pauvreté exige une approche multidimensionnelle dans laquelle la cohérence des politiques menées est essentielle.
Le Centre d’Action Laïque recommande:
Il ne peut y avoir de dignité humaine si une large partie de la population continue à connaître des difficultés d’existence sérieuses. En Europe, en 2016, 117,5 millions de personnes (environ une personne sur six) se trouvaient en risque de pauvreté ou d’exclusion sociale (1). La situation du chômage reste également très préoccupante puisque le taux de chômage dans l’Union européenne est en moyenne de 6,8%, ce qui correspond à plus de 16,8 millions de personnes.
Le défi de la concrétisation d’une Europe plus sociale est donc plus d’actualité que jamais. C’est également une urgence démocratique dans un contexte où l’une des raisons du succès des populistes est l’écho de leur discours auprès de celles et ceux qui se perçoivent comme les perdants et les victimes de la mondialisation.
Bien entendu, dépeindre l’Union européenne comme une institution qui détruit les protections sociales serait caricatural. Mais une action résolue de l’Union européenne est indispensable afin d’amener les États à développer leurs économies pour qu’elles bénéficient aux populations et non l’inverse.
D’une part, l’Union européenne est le meilleur instrument dont nous disposons pour contribuer à réguler la mondialisation et relever des défis d’ampleur internationale comme les conséquences au plan social de la révolution numérique. D’autre part, l’Union est en mesure de mettre en œuvre un véritable modèle social européen qui équilibrerait mieux qu’aujourd’hui les impératifs de développement économique avec ceux de lutte contre les inégalités, la recherche du bien-être de la population, le relèvement des protections sociales, l’accessibilité des soins de santé et le bien-être au travail.
Dans cette optique, il est important de saluer l’adoption en 2017 par les institutions européennes du Socle européen des droits sociaux. Ce socle, qui prend la forme de recommandations de la Commission européenne, établit une série de principes et des droits clés dans trois domaines (égalité des chances et accès au marché du travail, conditions de travail équitables, protection et insertion sociales). Il a pour objectif de permettre une plus forte convergence dans la zone euro (mais les États qui ne font pas partie de cette zone peuvent toutefois y adhérer). Sa mise en œuvre dépend surtout des autorités locales, régionales et nationales, des partenaires sociaux et de la société civile. Mais l’Union européenne peut soutenir et mettre en œuvre elle-même une série d’actions au moyens des instruments qui ressortent de ses compétences: modification du droit européen, dialogue social européen, recommandations nationales dans le cadre du Semestre européen et soutien financier grâce aux fonds européens.
Concrètement, le Centre d’Action Laïque invite les institutions européennes à mettre en œuvre les orientations politiques suivantes:
Par ailleurs, pour les laïques, des services publics de qualité et accessibles à tous sont un élément essentiel de lutte contre les inégalités et de renforcement de la cohésion sociale. Les combats historiques du mouvement laïque pour une école publique démocratique en sont l’illustration.
Sur le plan européen, des logiques de libéralisation ont conduit à l’introduction de logiques marchandes dans la fourniture de certains services. Les conséquences de ces libéralisations se sont parfois avérées désastreuses.
Le Centre d’Action Laïque invite dès lors les futurs responsables européens à:
(1) Le risque de pauvreté correspond au fait de remplir au moins l’une des trois conditions suivantes : risque de pauvreté après transferts sociaux (le revenu disponible demeure inférieur au seuil de pauvreté national), sévère privation matérielle ou le fait de vivre dans un ménage avec très faible intensité de travail (adultes du ménage qui ont travaillé moins de 20 % de leur temps de travail potentiel au cours de l’année écoulée).
Une sélection de pistes de solutions proposées par le Centre d'Action Laïque qui illustrent comment le mouvement laïque souhaite que soient traduites concrètement les valeurs de liberté, égalité et solidarité.